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Bowie : une étoile s'en est allée

Bowie : une étoile s'en est allée

8h05 : je quitte mon domicile à pied sous une pluie battante et m'apprête à prendre les transports en commun pour rejoindre un séminaire de travail. Une fois dans le tram, un geste quotidien, presque mécanique, je sors mes écouteurs, me connecte sur Deezer. Mon choix du matin se porte sur David Bowie, dont j'avais écouté l'excellent dernier album "Blackstar", dès le jour de sortie, jour égalément du 69ème anniversaire du caméléon. Sur les 10 minutes de trajet, je me suis passé "Thursday's child" (jolie chanson un peu anecdotique mais attachante sortie sur "Hours" en 1999) et "Sue or in a season of crime" en version originelle parue courant 2014 et métamorphosée sur Blackstar.

8h35 : stationné à attendre le bus qui nous conduira sur le lieu de réunion, une collègue me lance "Condoléances, t'as entendu que Bowie est mort..." Au ton employé, j'ai d'abord cru à une blague, une erreur, comme quelque chose d'impossible mais il fallait se rendre à l'évidence, les articles annonçant la mort du Thin White Duke commençaient à se multiplier sur la Toile.

8h47 : un sms d'une amie proche avec cette phrase très marquante et très juste :

"Il est étrange de voir comment des gens pour qui nous sommes des inconnus,peuvent parfois être proches dans nos coeurs"

Toute la journée, je me suis demandé comment je pourrais exprimer mon émotion et en même temps lui rendre un hommage digne et personnel sans tomber dans le pathos. Il est difficile voire impossible d'être totalement objectif lorsque l'on est passionné. Bowie n'était pas un idole pour moi, mais une passion qui est née aux portes de l'adolescence et ne m'a jamais quitté depuis (et ne me quittera sans doute jamais) tant il a influencé et influence toujours mes choix et goûts musicaux, mon désir et ma volonté de découvrir toujours de nouveaux sons, de nouveaux artistes, leur univers textuel et musical.

Mon hommage sur Bowie ne se résumera donc pas à égréner ses 50 années de carrière de façon chronologique (même si c'est parfois inévitable) ou stylistique mais de retracer le parcours Bowie tel que je l'ai vécu, fait d'allers retours entre tous les styles et avatars qu'il s'est donnés. Parce que Bowie, immense rockstar, était avant tout de tous les styles de musique, et qu'il a pris de nombreux risques, pour se renouveler et se réinventer musicalement, à chaque fois et jusqu'au bout.

This is not America (avec Pat Metheny/1985) : la chanson de la découverte (vers 12 ans sur un best of Bowie, chanson que je m'étais amusée à traduire en français)

https://www.youtube.com/watch?v=MJRF8xGzvj4

Sound and Vision 1977, extrait de l'immense et indémodable "Low" : l'étincelle (le côté mi instrumental, mi-chanté, le texte minimaliste et onirique m'ont enchanté à la première écoute)

https://www.youtube.com/watch?v=fRc2_-BCljQ

Changes ! Life on mars? Oh you pretty things ! 1971, extraites d'Hunky Dory : incontournables ! (un album à la fois minimaliste dans le style mais absolument majeur)

https://www.youtube.com/watch?v=oAo7YeRkJYo

The Man who sold the World, extrait du même album de 1970: reprise par Nirvana quelques décennies plus tard et admirablement jouée en live par David Bowie lors du Reality Tour de 2003-2004 :

http://www.dailymotion.com/video/x3jt4e_bowie-the-man-who-sold-the-world-re_music

Ziggy Stardust et Rock'n'roll suicide de l'album The Rise and Fall of Ziggy Stardust de 1972 : Mon album de référence dans son intégralité. Un sommet rock et bien plus encore !

https://www.youtube.com/watch?v=XXq5VvYAI1Q

Let's dance de l'album Let's dance (1984) : oui, mais alors dans sa version originelle de 7:30, magnifique alors que les radios ne nous "gratifiaient" que d'une version maladroitement tronquée. Et l'album en soi mérite vraiment d'être redécouvert :

https://www.youtube.com/watch?v=Af6jOq0dWqo

Young Americans et Fame de l'album Young Americans (1975) : deux titres marquants même si c'est un album soul qu'il me reste à découvrir.

https://www.youtube.com/watch?v=ScVi_L817ec

Jump they say, I Know it's gonna happen someday (reprise sublime de Morrissey) de l'album Black Tie White Noise (1993) : album injustement méconnu et considéré comme mineur dans sa discographie, il mérite d'être redécouvert car il annonce le tournant expérimental dans sa carrière contemporaine. Jump they say est une chanson hommage à son frère, disparu quelques années plus tôt. Un album que j'aime beaucoup

https://www.youtube.com/watch?v=avJt0SQec0I

Hallo Spaceboy et I'm Deranged de l'album 1.Outside (1995) : Un album d'une richesse exceptionnelle, très recherché et conceptuel. I'm deranged sera la BO du thriller Lost Highway de David Lynch

https://www.youtube.com/watch?v=aepBpZ3kXek

Little Wonder et The Letter de l'album Earthling (1997) : une virée entre rock industrielle, techno et electronica. Ca booste sévère, ça va très vite et c'est complètement barré (tout comme le clip assez gore Little Wonder) mais le résultat convainc franchement de bout en bout, hormis sur la chanson I'm afraid of americans, un peu grossière.

https://www.youtube.com/watch?v=_9gc7AWzMoY

Thursday's child de l'album Hours (1999) : Sans doute l'album qui m'a le moins percuté, hormis cette chanson pour laquelle j'ai une tendresse particulière (je l'écoutais encore ce matin avant d'apprendre son décès)

https://www.youtube.com/watch?v=8S227FFNwl8

Sunday et Heathen de l'album Heathen (2002) disque produit avec Eno (Low, Lodger...) à la fois sombre et lumineux,spirituel, magnifique et recherché dans sa conception. Heathen sera même repris par Etienne Daho dans un album tribute à Bowie. J'ai découvert ce disque il y a 5-6 ans. Il n'a jamais plus quitté ma platine depuis.

https://www.youtube.com/watch?v=rln9cTPkB3k

Never get old, Fall dog bombs the moon, she'll drive the big car et Bring me the disco king de Reality (2003) : Plusieurs titres majeurs et un grand album assez pop mais qui annonce aussi l' impulsion jazzy (Bring Me the Disco King, superbe et testamentaire pendant dix ans...) dont Bowie nous montre aujourd'hui le résultat dans certains titres de Blackstar ("Sue" particulièrement dans sa version originelle de 2014)

Il nous laissera par la suite presque sans nouvelle durant 10 années de silence discographique.

https://www.youtube.com/watch?v=tnnvZdD20i8

The Next Day, Valentine's Day, Where are we now? You feel so lonely you could die de The Next day (2003) : Retour assez flamboyant de Bowie le 8 janvier 2013, jour de son 66ème anniversaire avec le clip dévoilé de Where are we now? (narrant sa période berlinoise) sur le net annonçant son nouvel album après 10 ans d'absence totale et de rumeurs inquiétantes sur sa santé.

https://www.youtube.com/watch?v=S4R8HTIgHUU

Blackstar, Sue, Lazarus, I can't give eveything away, 'Tis a Pity she was a whore de Blackstar (2016) : album d'une richesse infinie, remarquable et très audacieux et dont il faudra mille et une écoutes avant d'en déceler toutes les subtilités. Bowie continuait à se réinventer malgré tout. Album testamentaire surtout, dernier cadeau de David Jones à son public, afin de nous dire adieu avec une extrême élégance et une pudeur remarquable (ça n'est pas objectif, je sais). A bien écouter les paroles de Lazarus, c'est bel et bien un adieu que Bowie nous fait.

https://www.youtube.com/watch?v=jD-vgLXihXE (Sue dans sa version free jazz originelle)

https://www.youtube.com/watch?v=y-JqH1M4Ya8 (Lazarus)

Et j'en oublie sans doute énormément comme "Ashes to Ashes", repris également par Warpaint il y a 5 ans dans une version très réussie, la période Tin Machine ou fin 1980 que je connais moins.... J'oublie également ses rôles au cinéma dans des rôles à sa mesure (il joue admirablement Andy Warhol dans Basquiat, Tesla dans le Prestige de Nolan), mais il faudrait un article à part entière pour relater ses différentes vies et là n'est pas mon but recherché.

Il m'en reste tant à découvrir aussi. Car David Bowie a 50 ans de carrière derrière lui et une oeuvre qui se lit sous différents angles, sous différentes formes. Il s'agit d'une personnalité complexe, exigeante, éclectique qui nous a enchanté, qui m'a enchanté et m'enchantera encore dans la réécoute perpétuelle.

Ce soir, nous connaissons au moins toutes et tous une chanson de Bowie, ce soir nous pouvons être un peu inconsolables. C'est mon cas.

Il nous laisse une étoile noire en guise d'adieu et de cadeau. Et on l'en remercie. Infiniment.

Jauffrey TISON, 11 janvier 2016, Strasbourg, 22h40

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Et j'en oublie bien sûr l'inoubliable et indémodable "Heroes", même si la photo de couv' de l'article est un clin d'oeil appuyé à ce disque et à la chanson éponyme.
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